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28 mai 2009 4 28 /05 /mai /2009 17:13

Aujourd’hui, nous allons parler un peu du concept de cité dans l’antiquité grecque. Il peut parfois être assez déstabilisant car, comme son nom ne l’indique pas, une cité ne désigne pas une ville. Du moins, pas seulement. (De même, le terme de "colonie" pour les cités romaines, est tout sauf transparent. L'organisation des cités sous l'Empire romain fera sans doute l'objet d'un prochain billet)

Une cité grecque, c’est à la fois un système politique, la communauté des citoyens, et, en dernier, l’espace sur lequel la souveraineté de cette communauté s’étend. Le territoire de la cité comprend l’agglomération principale, évidemment, mais également toutes les campagnes alentour et leurs villages.

C’est finalement ce dernier élément, l’aspect territorial, qui est le moins important. Un exemple, pour illustrer ce fait :

En 411 av. J.-C., alors que la guerre du Péloponnèse, qui oppose Athènes et sa ligue de Délos à Sparte et sa ligue du Péloponnèse, bat son plein (elle a débuté en 421, et se terminera en 404), Athènes est le théâtre d’un coup de force.

Les aristocrates de la cité, profitant de la démoralisation d’Athènes et de l’absence des citoyens les plus farouchement démocratiques, les rameurs de la flotte, cantonnés sur l’île de Samos, modifient les institutions pour les rendre oligarchiques (le tout dans la plus parfaite légalité, du moins sur le plan formel).

Pourquoi les rameurs sont-ils les plus attachés à la démocratie ? Tout simplement parce qu’ils sont les citoyens athéniens les plus pauvres. Ne pouvant pas se payer un équipement d’hoplite, et encore moins de cavalier, ils servent dans le principal instrument de la domination athénienne : sa flotte. La démocratie leur assure non seulement de pouvoir jouer un rôle dans les prises de décision de la cité, mais également de pouvoir être indemnisés quand ils le font, par le biais du misthos (que j'ai déja évoqué ici).

Les citoyens les plus riches ont toutefois sous-estimé cet attachement à la démocratie. Dès que la nouvelle du coup de force parvient à Samos, les soldats se soulèvent et se réunissent en assemblée. Ils destituent leurs stratèges, citoyens riches susceptibles d’éprouver des sympathies pour le régime oligarchique, et en élisent de nouveaux.

C’est ici que l’on voit que la cité grecque n’est pas un territoire : les soldats sont loin d’Athènes, loin des lieux de rassemblement conventionnels pour les assemblées, mais cela ne les empêche nullement de continuer à exercer un rôle politique : la cité, avant d’être un lieu, est l’ensemble de ses citoyens, elle est là ou ils se trouvent.

Déterminés à défendre la démocratie, les soldats de la flotte choisissent pourtant de ne pas rentrer à Athènes, préférant continuer les opérations contre les Spartiates pour éviter de leur laisser le contrôle de la mer.

Finalement, la flotte n’aura même pas à revenir à Athènes pour renverser l’oligarchie, qui s’effondre quatre mois plus tard après de fortes dissensions internes (entre oligarques extrémistes et modérés) et une révolte des hoplites du Pirée, le port d’Athènes.

Un deuxième épisode court oligarchique aura lieu à Athènes, la tyrannie des Trente, en 404-403, peu après la défaite. Thrasybule, un des initiateurs du soulèvement de Samos, élu stratège lors de l'assemblée des soldats, sera d'ailleurs là encore un des chefs des démocrates et jouera un rôle important dans la chute de cette oligarchie.
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commentaires

U
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U
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M
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M
c'esty chiant... tg en fait
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